
Il existe plusieurs méthodes pour traiter un cancer de la prostate : la curiethérapie (ou radiothérapie interne), l'hormonothérapie et la prostatectomie (chirurgie).
Bon à savoir : la curiethérapie a pour la première fois été utilisée en France en 1998 à l'Institut Curie.
Principe de la curiethérapie
La curiethérapie (brachytherapy en anglais) est une radiothérapie interne qui consiste à introduire directement dans la tumeur prostatique une substance radioactive qui va détruire les cellules cancéreuses.
La curiethérapie du cancer de la prostate est envisagée dans les cancers à risque faible ou intermédiaire. De plus, il est possible de l'associer à une radiothérapie externe en cas de cancer prostatique à risque élevé. De même, une hormonothérapie est parfois mise en place pendant 2 à 3 mois afin de faire diminuer le volume de la prostate et de rendre la curiethérapie réalisable.
Implants de curiethérapie pour le cancer de la prostate
Il existe divers types d'implants radioactifs mais, dans le cadre du traitement du cancer de la prostate, on utilise essentiellement des grains d'iode 125 radioactif, enrobés de titane (entre 60 et 100) :
- Ces grains se présentent sous forme de fils métalliques de 0,8 mm de diamètre sur 4,5 mm de long.
- Il s'agit d'implants permanents qui ne sont pas retirés et qui libèrent leur radiation au fil des semaines ou des mois.
À noter : il existe aussi des implants temporaires qui sont retirés après avoir émis la dose de radiation préalablement établie.
Article
Mise en place de la curiethérapie de la prostate
Les implants radioactifs vont être implantés dans la tumeur de la prostate par chirurgie :
- L'intervention est planifiée avant le traitement.
- L'équipe médicale va déterminer la dose à administrer et la durée du traitement, notamment en fonction du volume de la prostate.
- Une anesthésie générale de deux heures est nécessaire, ce qui implique une consultation auprès d'un médecin anesthésiste.
- L'entrée à l'hôpital a lieu la veille de l'intervention et le patient est rasé au niveau du pubis. On lui fait une prise de sang, un électrocardiogramme, etc.
- À partir de minuit, le patient ne doit plus ni boire ni manger pour être à jeun le lendemain matin. Après avoir pris une douche, il sera opéré pendant environ deux heures.
Deux possibilités d'implantation existent : soit sous contrôle échographique, la sonde est placée dans le rectum (schéma 1), soit par voie périnéale en se servant d'aiguilles placées dans la prostate puis retirées (schéma 2).
Suites de l'intervention de curiethérapie
Après l'intervention, le patient reste en salle de réveil pendant une à deux heures, puis il regagne sa chambre où il pourra s'alimenter normalement. Il est équipé d'une sonde urinaire qu'il conservera jusqu'au lendemain matin et qui permet de s'assurer qu'il n'y a pas d'hémorragie.
La malade devra rester quelques jours à l'hôpital dans une chambre individuelle située dans une zone contrôlée. En effet, dans les premiers temps, la radiation est importante. Après quelque temps, elle est suffisamment faible pour que le patient puisse retourner chez lui en prenant toutefois quelques précautions.
Effets secondaires de la curiethérapie prostatique
Certains effets secondaires peuvent apparaître après une curiethérapie prostatique (fumer augmente les risques de complications) :
- une pesanteur du périnée liée au passage des aiguilles ;
- la présence de sang dans les urines (hématurie) et/ou dans le sperme ;
- une fatigue modérée ;
- pendant une dizaine de jours, il est possible de ressentir des brûlures lors de la miction ;
- quelques douleurs résiduelles persistent généralement pendant quelques jours ;
- jusqu'à environ un mois après l'intervention, les envies d'uriner sont fréquentes (cette complication peut faire sont apparition après quelques semaines et persister plus de 6 mois) ;
- le jet urinaire est moins important parfois pendant plusieurs mois avec, parfois, une incontinence urinaire ;
- une impuissance sexuelle peut faire son apparition en fonction de l'âge et de l'état sexuel préexistant (risque augmenté en cas d’hormonothérapie préalable) ;
- une réduction de l'éjaculat se traduisant par une diminution de la fertilité (l'usage d'un préservatif est recommandé lors des premiers rapports sexuels suivants l'intervention et pendant environ 2 mois) ;
- une rétention aiguë d'urine se retrouve chez 3 % des patients (ce qui nécessite la pose d'un cathéter destiné à drainer la vessie).
Tous les troubles urinaires peuvent être traités à l'aide d'alphabloquants et d'anti-inflammatoires.
Néanmoins, ces effets secondaires ont tendance à s'estomper assez rapidement (seuls 6 % des troubles urinaires persistent pendant au moins 10 ans).
Efficacité de la curiethérapie
Les résultats obtenus grâce à la curiethérapie prostatique par implants permanents sont excellents avec une amélioration de la survie globale sans récidive et assez peu d'effets secondaires (le risque de décès est exceptionnel). Les rechutes parfois observées surviennent très tardivement : plus de 10 ans après le traitement.
Il s'agit donc d'une alternative performante à la chirurgie et à la radiothérapie externe pour les cas bien sélectionnés de cancers prostatiques. Attention toutefois, les interventions réalisées suite à une curiethérapie (y compris une biopsie rectale par exemple) augmentent le risque de fistules.
À noter : la curiethérapie est aussi utilisée dans des cancers gynécologiques et surtout des cancers de l’œil (mélanomes de l’uvée chez l’adulte et rétinoblastomes chez l’enfant).
Aussi dans la rubrique :
Traitements et prévention du cancer de la prostate
Sommaire
- Différents traitements possibles
- Vivre avec la maladie
- Prévenir un cancer de la prostate