Cancer prostatique

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Le cancer prostatique (ou cancer de la prostate) est extrêmement fréquent puisqu'il concerne environ 50 % des hommes ayant plus de 80 ans en France. Le taux d'incidence mondial est d'environ 0,80 ‰ (81 hommes sur 100 000 sont concernés).

Épidémiologie du cancer prostatique

En France, cette tumeur maligne est de loin la plus fréquente chez l'homme et représente 25 % de l'ensemble des nouveaux cas de cancers masculins. Le cancer de la prostate touche 48 000 hommes par an en France.

Les hommes nés dans les années 1940 présentent 10,7 % de risque en plus d'être atteints d'un cancer de la prostate avant leurs 75 ans (soit un risque sept fois plus élevé que pour les hommes nés dans les années 1910).

En revanche, alors que les risques de développer un cancer de la prostate augmentent, la mortalité dont la tumeur est responsable diminue, avec « seulement » 7 000 décès par an. La survie est aujourd'hui de 84 % à 5 ans et la baisse de la mortalité s’observe dans toutes les tranches d’âge et plus encore chez les personnes âgées.

Bon à savoir : la baisse de la mortalité est en grande part attribuée à l’amélioration des traitements (notamment celui des cancers évolués) par différentes formes d’hormonothérapie qui conduisent à une augmentation de la survie sans que le cancer soit nécessairement guéri.

Néanmoins, le cancer de la prostate reste la deuxième cause de mortalité par cancer chez l'homme.

Cancer prostatique : un adénocarcinome d'évolution lente

Le cancer prostatique est une tumeur maligne qui se développe au niveau des cellules de la prostate, une des glandes de l'appareil reproducteur masculin.

  • Dans 95 % des cas, il s'agit d'un adénocarcinome, car les cellules concernées sont des cellules épithéliales, c'est-à-dire les cellules sécrétrices de la glande (épithélioma est un synonyme de carcinome). Ce type de cancer est d'évolution lente, ce qui permet généralement de le détecter suffisamment tôt, avant qu'il n'entraîne la formation de métastases (par lesquelles les cellules cancéreuses seront véhiculées aux autres organes par le sang et par le système lymphatique).
  • Les 5 % restants sont constitués par des sarcomes, des carcinomes à petites cellules et des carcinomes transitionnels qui sont de moins bon pronostic.

Stades localisés et non localisés du cancer prostatique

Le cancer de la prostate se classe selon deux grands stades d'évolution :

  • le cancer de la prostate localisé (intracapsulaire), dans lequel les cellules cancéreuses n'affectent que la prostate ;
  • le cancer non localisé (extracapsulaire), dans lequel les cellules cancéreuses concernent la prostate et s'étendent en dehors, jusqu'aux ganglions lymphatiques voire aux os (métastases).

Les patients métastasiques d'emblée représentent 4,6 % des cas.

Néanmoins, il est possible d'affiner cette classification en faisant la distinction entre :

  • le cancer intracapsulaire ;
  • le cancer localisé qui s'étend au-delà de la capsule prostatique jusqu'aux organes voisins (col de la vessie, sphincter de l'urètre, rectum) mais sans atteinte ganglionnaire ;
  • le cancer prostatique avec atteinte des ganglions lymphatiques régionaux ;
  • le cancer de la prostate métastatique ayant entraîné la formation de métastases distantes.

Le cancer prostatique selon la classification internationale TNM

Comme pour tous les cancers, il est possible de mesurer la gravité du cancer prostatique grâce à la classification TNM. Outre le fait qu'elle est commune à tous les pays, cette classification a également l'avantage d'être précise.

Définition de la classification TNM

La classification TNM est un système international permettant de distinguer les cancers selon leur étendue, à savoir :

  • la taille de la tumeur (T) ;
  • la présence ou l'absence de cellules cancéreuses dans les ganglions (N, pour « node » qui signifie ganglion en anglais) ;
  • la présence ou l'absence de métastases (M).

Par ailleurs, on utilise des préfixes pour identifier par quels moyens la classification a été faite :

  • la cTNM est une classification basée sur un examen clinique, une échographie et/ou une biopsie et qui permet de déterminer le traitement à employer ;
  • la classification pTNM, en revanche, se base sur les informations collectées au cours d'une intervention chirurgicale et elle permet de déterminer le traitement adjuvant à employer et de donner un pronostic ;
  • la classification yTNM se fonde sur les informations récoltées après un traitement.

Cancer prostatique et tumeur

Dans la classification TNM, le T peut être noté :

  • T0 en l'absence de cancer ;
  • T1 en cas de tumeur non visible (elle a, dans ce cas, été diagnostiquée par découverte d'une élévation du taux de PSA et confirmée par biopsie) ;
  • T2 en cas de tumeur localisée :
    • T2a en cas d'atteinte de la moitié d'un des deux lobes maximum,
    • T2b en cas d'atteinte de plus la moitié d'un des deux lobes mais pas de l'autre,
    • T2c en cas d'atteinte des deux lobes ;
  • T3 en cas de tumeur non localisée :
    • T3a si la tumeur est extracapsulaire,
    • T3b en cas d'atteinte des vésicules séminales ;
  • T4 en cas de tumeur étendue aux organes voisins ou à la paroi pelvienne.

Cancer prostatique et ganglions

La notation N permet simplement d'indiquer :

  • une absence d'atteinte ganglionnaire : N0 ;
  • la présence de métastases ganglionnaires : N1.

Bon à savoir : les antiandrogènes (traitement hormonal) ont longtemps représenté le seul traitement des cancers prostatiques N1, mais on les combine désormais à la radiothérapie après la prostatectomie radicale.

Cancer prostatique et métastases

La classification distingue :

  • M0 : absence de métastases ;
  • M1 présence de métastases avec :
    • M1a en cas d'atteinte de ganglions lymphatiques distants,
    • M1b en cas de métastases osseuses,
    • M1c si on retrouve d'autres métastases.

Le score de Gleason

Le score de Gleason est reconnu comme étant le facteur pronostique majeur du cancer de la prostate. Il permet d'évaluer l’étendue et l’agressivité de la tumeur et le traitement du cancer de la prostate à proposer est en partie fonction du Gleason score.

La détermination du score de Gleason score s'effectue à partir de l’analyse de biopsies. Lorsque la prostate présente plusieurs foyers tumoraux d’évolution différente (et à des stades d'évolution variables), le score de Gleason est obtenu en additionnant les deux grades histologiques (allant de 1 à 5), des cancers les plus représentés.

Le calcul du score de Gleason va ainsi permettre de classifier les cellules cancéreuses selon différents types en fonction du degré d’agressivité du cancer :

  • Grade 1 : les cellules paraissent normales ;
  • Grade 2 : le cancer semble faible ;
  • Grade 3 : stade intermédiaire de la tumeur ;
  • Grades 4 et 5 : les cellules ont une apparence irrégulière et anormale (le cancer prostatique est considéré comme agressif à ce stade).

Dans les faits, le score de Gleason est par exemple noté Gleason 7 (3+4) noté 3-4 ou Gleason 10 (5+5) noté 5-5. Le premier chiffre entre parenthèses désigne le type de cellules cancéreuses le plus présent dans le tissu prélevé (à partir des grades sus-mentionnés). Le second indique le deuxième type de cellules le plus présent. Le score de Gleason correspond à l’addition de ces deux chiffres. Il est nécessairement compris entre 6 et 10 en fonction de l’agressivité du cancer.

Bon à savoir : les tumeurs de score Gleason 6 (3+3), « très fréquentes », constituent « une forme naturelle de vieillissement de la prostate. Elles ne disposent d’aucune caractéristique biologique nécessaire au développement de métastases. Elles ne sont pas dangereuses et ne le seront jamais », expliquele Pr Desgrandchamps. « Pour ces cancers à faible risque, la surveillance est recommandée mais pas le traitement. Ce n’est pas vrai hors du score Gleason 6 » (source : Journées Nationales de Médecine Générale (JNMG, Paris La Défense, 30 septembre-1er octobre 2021), d’après la communication du Pr François Desgrandchamps, Hôpital Saint-Louis, Paris).

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